Painting of The Week: Porto di Trieste (Egon Schiele, 1907)

Il vero uomo di mare ama il mare d'inverno.

Ama i piccoli anfratti dei porti, quelli in cui la risacca si ingabbia tra una nave e la banchina.

Ama i rumori degli ormeggi, degli alberi che si muovono al vento.

Ama il porto fermo e silenzioso, quello dopo l'arrivo dei pescherecci e prima dello loro partenza, al tramonto, quando tutti sonnecchiano.

Ama il mare che sa di solitudine.

Ama il mare che si lascia guardare, che si fa contemplare – sono io, il mare, mi vedi, sono enorme, senza confini e tu sei lì, minuscolo.

Minuscolo a cercare di cogliere il particolare del mare.

E come si può cogliere il particolare del mare, se il mare è una distesa infinita, se tocca mondi e terre agli antipodi, se imperversa nella tempesta e si alza col suo vagone di alghe e pesci e inonda le strade?

Come si può cogliere il particolare di tanta maestosità?

Si abbandona il già visto. Si abbandona il minimo comune denominatore. Ci si scrolla di dosso quell'idea di mare spiaggia-caldo-bikini-pallone-chiasso-cremasolare-ombrellone-birrafresca.

Si prende questo mucchio di parole, le si accartoccia, le si incenerisce.

Perché il vero uomo di mare sa che il mare è altro.

È la spiaggetta che non conosce nessuno, piccola, con la rena che fa male ai piedi, in cui è ormeggiata una barchetta sverniciata e in cui un vecchio lupo di mare col mondo negli occhi si siede a guardare, prima di passeggiare sugli scogli.

Egon Schiele non era proprio un uomo di mare. Sul mare non ci era nato. Lo ha visto, di sicuro – questo dipinto ne è la prova. Non era un uomo nato sul mare, né un lupo di mare. Eppure il mare doveva avercelo dentro, se è riuscito a cogliere nel misero spazio di venticinque per diciotto centimetri tutto quello da cui un vero uomo di mare si lascia cullare.

Il mare silenzioso e quasi invisibile del porto, con la sua acqua che non ha nulla di blu o di azzurro ma rispecchia i colori della città – e del mondo. Le ancore gettate e le navi e le barche che dondolano, in un concerto di alberi e sartie, vento alberi e sartie, voci lontane vento alberi e sartie. Persino il cielo – di un colore assurdo e silenzioso tra il rosso e il rosa – trova spazio nel mare.

Schiele ha colto il particolare del mare. L'ha fermato in uno specchio d'acqua che vive del mondo effimero sopra e intorno, ma che ha il sapore dell'eterno, con quelle onde che si aggrovigliano, circolano, girano e tornano a se stesse per ricominciare.

Port de Trieste - Version française

Le véritable homme de la mer aime la mer en hiver .

Il aime les petits creux des ports, ceux où le reflux est en cage entre un navire et le quai.

Il aime les sons des amarres, les sons des mâts qui se déplacent dans le vent .

Il aime le port immobile et silencieux, il aime le silence entre l'arrivée du navire et avant leur départ, au coucher du soleil, quand tout le monde somnole.

Il aime la mer qui flaire de solitude .

Il aime la mer qu'il se laisse contempler – c'est moi, la mer, tu me vois, Je suis énorme, sans limite et tu es là, minuscule.

Minuscule. Trop petit pour saisir le particulier de la mer.

Et comment pouvez-vous saisir le particulier de la mer, si la mer est une étendue infinie, si elle touche mondes et terres aux antipodes, si elle se fait traîner de la tempête et se lève avec son wagon plein d'algues et de poissons et inonde les rues?

Comment pouvez-vous saisir le particulier de tant de majesté ?

Nous devons abandonner le déjà-vu. Nous devons abandonner le dénominateur commun. Nous devons secouer l'idée de mer-plage-chaud-bikini-balle-bruit-crèmesolaire-parasol-bièrefraîche.

Prenez et brulez ce tas de mots.

Parce que le veritable homme de la mer sait que la mer est une autre chose.

La mer est la petite plage que personne ne connaît, avec le sable qui fait mal aux pieds, dans lesquels un petit bateau décapée est amarrée et dans lequel un vieux loup de mer avec le monde dans les yeux s'assied à regarder, avant de se promener sur les rochers.

Egon Schiele ne était pas un homme de la mer. Il n'est pas né sur la mer. Il l'a vu, bien sûr - cette peinture est la preuve. Il n'était pas un homme né sur la mer ou un loup de mer. Pourtant, il avait la mer à l'intérieur, si il a saisi ne le misérable espace de vingt-cinq pour dix-huit centimètres tout ce de lequel un vrai homme de mer se quitte bercer.

La mer silencieuse et presque invisible pour le port, avec son eau qui n'a rien à bleu, mais reflète les couleurs de la ville - et de le monde. Les ancres jetées et les navires et les bateaux qui dansons dans un concert de mâts et de haubans, vent, mâts et haubans, voix lointaines, vent, mâts et haubans . Même le ciel - une couleur absurde et silencieuse entre le rouge et le rose - trouve place dans la mer.

Schiele a saisi le particulier de la mer. Il l'a arrêté dans un plan d'eau qui vit sur ​​et autour du monde éphémère, mais qui a le goût de l'éternité, avec ces vagues qui s'enchevêtrent, circulent et reviennent à eux-mêmes pour recommencer.